A la recherche du DVD perdu par Lucie

Maman m’a donné, tout à l’heure pour que je la laisse un peu tranquille, un drôle d’objet qui me fascinait. Je vais vous le décrire. C’est une galette argentée d’un coté et jaune de l’autre. Mon frère n’arrête pas de vouloir le mettre dans un trou sur le coté de ce que maman appelle SON ordinateur, si si je vous jure on entends les majuscules quand elle parle de SON ordinateur. Il n’y a que papa et ses copines qui ont le droit d’y toucher mais mon frère ou moi c’est pas ça. Enfin si, j’ai le droit de téter le coté de SON ordinateur quand je suis assise a ses coté et que mon équilibre chancelant emmène ma tété au niveau du coin de SON ordinateur. Mais elle m’a déjà prévenu que quand j’aurai des dents, je n’aurais plus le droit. Pourtant c’est le coté déjà usé par Célian qu’elle me laisse alors je comprends pas trop pourquoi je n’aurais plus le droit de le mâchouiller. Enfin bon ma mère est bizarre, il faut que je m’y fasse.

Donc elle m’a donné un cd, un vieux il parait, c’est génial. D’un coté ça reflète la lumière et de l’autre il y a de beau dessin. C’est un CD SOS developper de Microsoft, c’est dire si ça doit être bien. Enfin perso, en 5 mois je l’ai toujours vu par terre ou dans les mains de Célian et je voudrais pas cafter mais mon frère dés fois c’est un peu une brute. Ce qui expliquerait peut être que ma mère ne veuille pas qu’il le mette dans le tiroir de SON ordinateur.

Donc j’en viens à l’intérêt de cet objet, c’est génial 😀 ça se mâchouille, ça se tétouille, ça renvoi la lumière, c’est assez grand pour que je ne le lâche pas trop facilement, ba oui j’ai que 5 mois hein…

Par contre quand il tombe par terre à plat, comme dirait maman, c’est de merde en boite ! J’arrive pas à le récupérer. Alors là elle m’avait assise entre deux coussins, j’ai du me laisser tomber le nez par terre, heureusement que c’est le canapé hein… puis rampouiller jusqu’a ce truc et moi qui ne rampe qu’en marche arrière c’est pas évident… Et là je viens d’y arriver. Je me suis laissé tombé dessus et je peux enfin le mâchouiller.

Moi je vous dit, la vie de bébé c’est rude quand même.

Ecrit en 2008.

Survie

Ton cauchemar est ma vie,

Ton fantasme est mon ordinaire,

Ton horreur m’est commune.

Et au risque de te dégoûter je préfère ma vie à la tienne.

Ton amour est mon sang,

Ta mort est mon antidote,

Ton amitié est ma maladie,

Et au risque de te faire peur je préfère ma vie à la tienne.

Ton rêve est …

A quoi bon continuer, déjà je sais que tu ne me crois pas.

Et pourtant, si tu savais comme ma vie est différente de la tienne.

Si tu essayais de me croire, tu aurais compris pourquoi.

Essaye seulement et tu m’envieras.

Et tu me craindras, car tu sauras que je détiens la vérité.

Ecrit au collège… ça fait un bail.

La traversée de l’axe ouest/nord du lit parental par louloutte, 2 mois et demi !

Dépêche AFP 9h14 le 2008/07/23: Aprés un court sommeil de minuit à 6 heures 30 ce matin, wonder louloutte la bien nommée s’est attaqué à la traversée du lit parental en suivant l’axe ouest/nord du lit aussi appelé l’axe cotédemaman/têtedulit.

Ainsi aprés s’être sustentée à la source vers 6 heures du matin et avoir longuement profité de cette source de chaleur, Wonder Louloutte estimant qu’il était temps de commencer à visiter cette plaine appelé lit s’est mise en route. Remontant d’abord le long de Maman en râlant, elle testa la méthode un coup la tête à gauche, un coup la tête à droite ce qui eut pour effet de libérer le passage, sa mère vu l’heure matinale ayant décidé de continuer à dormir et de lui tourner le dos !

Wonder Louloutte absolument pas découragée pu enfin obliquer vers la tête du lit profitant ainsi de la place libérée. Et poussant petit à petit sa mère hors du lit (enfin par un effet de domino, ce fut d’abord papa qui fut jeté hors du lit) elle se fraya une voie royale vers son objectif.

Là se redressant sur ses avant bras et relevant la tête fièrement elle scruta son objectif et repris sa route. Centimètres aprés centimètres, son objectif se rapprochait.

Tout à ce qu’elle faisait elle ne se rendit pas compte que papa, maman (enfin bien réveillée malgré le fait qu’il n’était que 7 heures 30) la regardait intensément tout en parlant d’elle. Dans la foule on pouvait entendre ce genre de réflexion: « Hé bé la Louloutte elle a du tonus ! » Ou encore « c’est pas un peu tôt deux mois et demi pour faire ça et se tenir 20 secondes de suite sur les avants bras en relevant la tête ? ».

Arrivée à quelques centimètres de la tête de lit, là ou trône le réveil qui semblait tant l’intéresser pendant sa longue traversée, Louloutte enfin arrivée à destination, s’accorda quelques instants de repos. Et poussa un hurlement : elle avait faim !

 

 

Ecrit en juillet 2008.

Lettre à mon fils (écrite pendant la grossesse).

Et c’est ainsi que le rêve prit fin, que je naissais au monde, ceux qui m’aimaient venaient de m’enlever ce qui faisait ma vie, en 3 jours je quittais amis, école, maison, style de vie. J’entrais dans la vie comme on entre en prison, les journées allaient être longues et difficiles et les nuits pourvoyeuses de mauvais sommeil. J’ai pris perpétuité alors que je n’étais pas coupable si ce n’est d’exister !

Mais tout passe… la douleur s’estompe, les pleurs ne sortent plus, s’ils sont jamais sorti, on se borne à vivre au jour le jour… on en oublie de regarder ce qui fait notre vie et on avance…. De temps en temps repasse dans un regard une certaine nostalgie d’un moment trop vite passé, d’une vie fort différente, d’un monde qui peu à peu prend des allures de chimère. Et même dans ses propres rêves on n’y pense plus en tant que rêve mais en tant qu’improbable.

Puis on avance encore, et la chimère se gonfle de voile de brume, on commence à oublier ce qui la composait… on en oublie les éléments ou même on les nie. Commence alors le desert de son enfance… qu’as t’on vécu de si fort que l’on ne s’en souvient pas, après quelles images coure t’on, de quels manques souffrons nous de temps en temps ?

Et un jour on rencontre celui qui nous manque, celui qui nous prouve que ce rêve a prit fin une fois, mais que ce rêve peut renaître. Qu’il suffit pour ça d’y mettre son cœur. Et on se dit: et si j’y croyait à nouveau ? Et si nous, lui et moi, pouvions à notre tour concevoir un rêve pour un autre que nous, un plus petit que nous. Un petit nous. Et nous nous amusons à jouer les créateurs, au début c’est un jeu, le jeu de l’amour, puis petit à petit ça devient réalité. Les nuits sont toujours pourvoyeuses de mauvais sommeil et de bons cauchemars. Mais aux réveils la réalité a changé, et les souvenirs et les doutes et les questions sur notre propre rêve, celui de notre enfance, reviennent. C’est une petite victoire, on oublie d’oublier ce passé qui n’avait plus de consistance. Il redevient chimère, pas encore rêve, mais il revient.

Puis un jour nous nous levons et découvrons que le mauvais sommeil a eu d’autres causes que cette douleur. Ces insomnies sont neuves… Elles portent la marque d’un petit être qui, pas encore né, est quand même déjà bien présent. Qui porte un nom, qu’on appelle notre fils ou notre fille… et qui nous fait d’avance pleurer toutes les larmes de notre corps. On se promet que l’on ne cassera pas son rêve, qu’on ne lui cassera pas son enfance, qu’on fera au mieux. On ne peut pas savoir si on y arrivera … mais déjà les brumes des chimères sont loin, et le rêve est à nouveau la, il porte un nouveau nom: espérance.

Mon fils ne serait ce que pour m’avoir ramener mes rêves, ne serait ce que pour m’avoir permis de concrétiser cet amour si fort que j’ai pour un homme, rien que pour ça je t’aime déjà.

Le Créateur

J’ai mal, chaque dot de mon corps est douloureux, chaque nerf reçoit multitude de stimuli, chaque pore de ma peau vibre. Mes yeux fixes depuis trop longtemps ne savent plus cligner, je suis entrée dans l’œuvre et depuis… Je vibre, j’ai mal.

Il m’a déposée avec lui sur le bord d’une ligne droite coupant son espace en deux. Me prenant par la main Il m’a menée le long de ses courbes agressives et lestes se coupant et recoupant. Avec ses rouges qui me transpercent, ses mélanges carmins aux couleurs de mon sang, ses convexes et concaves qui remontent à mon cœur, qui l’emballent et m’essoufflent, Il m’a laissée pantelante dans un coin. Le silence régnant autour de moi, effrayant et glacial aurait pu être un sanctuaire… mais au dessus de moi le pourpre se teinte de l’humeur du créateur et durant un moment j’espère qu’Il ne peut pas me haïr à ce point et que ce n’est qu’une passade de son humeur. Mais je me rends compte que je ne sais plus ce que veux dire espérer, que ce concept est pour moi une bulle vide.

Il m’a prise par la main avec ses bleus, m’a montré qu’il pouvait aussi être doux, il a apaisé mes blessures, a calmé mon cœur, les bleus se sont mélangés dans mon regard, baignant mon cristallin d’une illusoire paix. Il m’a bercée dans ses ondulations longues et fugaces, rythmant notre relation soudain maternelle. De loin en loin la fugitive vision de ses rappels rubiconds me mettait mal à l’aise, mais il a su alléger mon cœur au bord d’un lac bleu nuit. Mes yeux se perdant aux limites de Son monde, j’observais ces formes informes, cet indescriptible amas de bleus, cachant sous sa couverture d’orage trop de nuances pour que je puisse les appréhender rendant mouvante cette mer de la tranquillité.

Il m’a surprise d’une violente lame jaune sortant de son océan de nuit, me bousculant et mettant à mal mon précaire équilibre, et mon calme retrouvé de peu. Il m’a repris ce qu’il venait de me donner d’une légère tension du poignet, m’a poussée au bord d’un soleil brûlant qui ne me réchauffait pas. Ma peau pourtant souffrait et me semblait craquelée de chaleur. Il m’a amenée si haut que mon cœur a cédé à la pression. Un soleil froid, quelle incongruité. Il m’envahit. J’aimerais garder au cœur de ma prunelle un souvenir de bleu, mais cet ocre ravageur ne me laisse aucun espoir. Si le ciel doit avoir une fin alors je la connais, je l’ai touchée du bout des doigts, avant de retomber.

Jetée à terre par tant de violence, je me suis refermée sur moi-même, essayant de laisser la douleur me traverser sans la ressentir, atteindre ce point de lâcher prise qui me protègera de mes propres sensations, de mes propres tentations.

Trop tard, il me connait et j’ai mordu a son hameçon, entrainée dans le sillon de son tourbillon de vert, je ne peux que suivre ce fil qui me lacère les chairs. Je me rapproche de son soleil y laisse ma peau, retombe dans son lac de sang où se dilue le mien, mes chairs détaillées se perdent dans cet étrange mélange et mon squelette blanchi connait enfin la paix.

Suis je née, suis je morte, seul Lui peut le dire, le créateur de toute chose, celui qui tire les ficelles. Je repose là au sol. Immobile et vivante, immobile et debout, immobile et sans vie. Je repose là devant son œuvre et me demande si ma vie sera un jour la même… mais la même que quoi au fait ?

Ecrit en 2009 pour un concours dont je n’ai même jamais su le résultat.